Les
mammifères ont été classés selon leurs modes d’adaptation à leur environnement
au moment de la naissance[1]. Il y a trois
catégories :
Les nidifuges : les petits arrivent a se déplacer comme les
adultes dans les heures qui suivent la naissance (poulains, veau, antilopes…).
Ils restent toujours près de leur mère.
Les nidicoles : Les petits naissent sans poils, avec les yeux et
les conduits auditifs fermés. Le lait ou la nourriture apportée par les parents
doit être riche et apporter un sentiment de satiété suffisant pour qu’ils
puissent se passer ponctuellement de leur mère. Ils sont toujours plusieurs ce
qui permet d’avoir de la chaleur (chat, souris…).
Les Portés : ce qui est le cas des primates, des marsupiaux et de
l’Homme. Dans ce cas c’est le corps de la mère préférentiellement (mais cela
peut être une autre personne aidante)
qui devient « le nid ».
L’Homme (Homo
sapiens), cousin des primates, a dans son évolution perdu sa fourrure et sa
stature pour devenir un homme debout et sans poil. Lorsqu’on observe ses
proches cousins ; les petits singes s’agrippent à l’aide de leurs mains et
de leurs pieds à la fourrure de leur mère. Ceci pendant toute la première
période de vie. Le petit participe activement en s’agrippant au corps de sa
mère.
Mais avec
l’évolution nous avons perdu la matière à quoi nous agripper (les poils) et le
moyen de le faire (gros orteil opposable). Nous avons pour autant garder les
réflexes archaïques dont le réflexe d’agrippement (grassping) :
lorsqu’on stimule l’intérieur de la main ou du pied du nouveau né, on observe
une flexion ferme des doigts et des orteils. Le bébé referme ses doigts sur la
prise à tel point qu’on peut le soulever.
Il est
vraisemblable que le porte bébé ait été une des premières inventions de nos
ancêtres. Selon Blandine Bril, psychologue et anthropologue, la première
représentation d’un enfant porté provient de peintures rupestres de l’époque
magdalénienne, il y a environ dix mille ans. D’après l’archéologue britannique Timothy
TAYLOR, c’est il y entre 1,8 et 1 millions d’années que les femmes auraient
« inventer » le porte bébé : un morceau de peau animale noué de
façon à former une poche porté en bandoulière (que certains peuples utilisent
toujours). Pour lui « l’invention apparemment triviale du papoose ou
porte-bébé, il y a environ un million huit cent mille ans a été déterminante
car elle a permis de prolonger et d’intensifier la période de développement
cérébrale chez les nourrissons »[2]
En effet,
l’évolution et surtout le fait d’être passé à la station debout ont modifié la
filière pelvienne. Parallèlement, le cerveau et donc la boite crânienne ont
grossi sans que le bassin des femmes ne s’élargisse. La nature a donc fait que
nos petits naissent « immatures » pour pouvoir encore passer par ce
chemin étroit. Nous naissons donc « prématuré ».
En se basant sur
l’évolution de la taille du cerveau entre la naissance et la taille adulte chez
l’Homme et chez d’autres mammifères, on observe qu’à la naissance le cerveau du
petit Homme fait 25% de sa taille à l’age adulte. Alors que pour la plupart des
autres mammifère ce chiffre avoisine à peu près toujours les 80% (45% chez le
chimpanzé). Pour en arriver à ce même pourcentage, il faut compter chez le
petit Homme environ 21 mois après la conception (soit 12 mois après sa
naissance !). Nos bébés naissent donc « prématuré » d’environ un
an, un an où ils ont besoin d’aide pour survivre[3].
Il a donc d’autant
plus besoin de rester près de sa mère. Le portage répond à ce besoin de
proximité (chaleur, nourriture avec l’allaitement..) mais en plus répond aussi
au besoin de sécurité crucial. A l'époque des premiers Hommes poser un nouveau né à terre, voir
même un bébé c’est laisser une proie facile et sans défense aux différents
prédateurs qui rodent. Le petit risque aussi tout simplement de mourir de
froid.
Une dernière photo juste pour le plaisir parce que je la trouve géniale
[1] DETTWYLE Katherine anthropologue (www.kathydettwyler.org), Franz
Renggli « les bébés veulent être portés », Bâle 25 avril 2001
[2] TAYLOR Timothy, La préhistoire du
sexe , édition Bayard 1998
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire