mercredi 4 juin 2014

La grossesse, un moment épanouissant et heureux?




Eh bien, cela faisait longtemps que je n’avais pas écrit sur ce blog ! Les changements de travail, les formations, l’adaptation de la vie de famille au nouveau planning ne m’ont pas permis de me replonger dans la rédaction de nouveaux articles, bien que j’en ai entamés plusieurs sans en avoir fini aucun.  Il est temps de reprendre de bonnes habitudes… 

Aujourd’hui j’ai envie de revenir sur une réalité souvent cachée, tabou… j’ai envie de vous parler de ces futures mamans qui vivent très mal la grossesse et son loin de vivre cette période comme une période de pure bonheur.

Lorsqu’on regarde des photos de femmes enceintes dans les divers magazines, articles, brochures…. On peut voir des femmes qui ont l’air vraiment épanouie, le visage rayonnant (ah oui une femme enceinte a un teint de pêche, les yeux qui pétille elle est justement rayonnante n’est ce pas ?), de belles formes, un ventre bien rond, parfait (on ne va quand même pas montrer un ventre avec des vergetures !!)
Alors comment s’expliquer lors d’une grossesse que l’on ne soit pas dans l’euphorie, mais plutôt dans un état de mal être perpétuel ?

On parle parfois de Mummy Blues voir de dépression de grossesse. Sans aller aussi loin que ça il est une réalité que toutes les femmes n’aiment pas être enceinte ! Chacune a ses propres ressenties face a ce grand bouleversement qu’est la grossesse. Elles sont souvent tout simplement déçu….  ce bébé qu’elle attendait tant, ces moments qu’elle imaginait si fantastique. C’est comme si elle n’était pas normale. 

 Mais ce qui est sûre c’est que ces mamans culpabilisent souvent de ne pas se sentir épanouie comme les autres, de ne pas « nager dans le bonheur » et pourtant ces femmes sont souvent bien plus nombreuses qu’on ne le pense ! Bien souvent ces sentiments sont cachés aux proches tellement le sujet est tabou !

Plusieurs éléments peuvent expliquer ce mal être au cours de la grossesse :

-          Le changement du corps. Dans une société qui prône la minceur et le corps parfait, accepter que son corps change, de prendre du poids, de ne plus avoir le contrôle peut être une raison de ce mal être.
-          L’envie que tout soit parfait dans les moindre détails… la grossesse parfaite, les photos parfaites, la chambre parfaite, le prénom parfait… les mamans parlent souvent d’une pression qu’elles se mettent !
-          Le fait de se sentir diminuée dans ces mouvements, être faibles, constamment fatiguée ! on dit souvent à la future mère de se reposer de prendre le temps mais certaines femmes n’aiment pas cela ! Sans parler des femmes sportives qui arrêtent leurs pratiques pendant un certain temps.
-          L’écartement dans certaine profession peut être très positif mais parfois la future mère se sent « écarté »  c’est le cas de le dire de sa vie sociale habituelle. Elle reste à la maison, ne sait pas quoi faire… se sent inutile.
-          Le fait de sentir le bébé bouger peut être à la fois un moment très euphorisant. Comme un signe enfin concret de cette grossesse et de ce bébé à venir cela peut être rassurant. Pour autant certaines mères restent perplexes. Une maman parlait d’une autre volonté en elle. Elle décrivait ses difficultés à être deux dans le même corps et de se sentir habité !
-          L’irritabilité, les « hormones »… c’est souvent déstabilisant pour les proches mais c’est souvent difficile pour la maman qui ne se reconnait plus avec des sauts d’humeurs. Elle passe du rire aux larmes d’un coup…
-          Certaines mamans décrivent des crises de panique, d’angoisse… l’angoisse de ne pas ressentir ce bonheur comme les autres, aimer cet enfant à naitre (ne pas aimer être enceinte ne veut pas dire ne pas aimer son enfant !)
-          Certaines se sentent coupables vis-à-vis d’autres femmes qui rêveraient d’être enceinte ! quand ce n’est pas l’entourage qui les culpabilisent dans ce sens.
-          Les différents maux de la grossesse comme les nausées, les vomissements, les démangeaisons, les insomnies… sans parler du fait que d’un seul coup c’est comme si le corps des femmes ne leur appartenait plus ! c’est le corps médical qui sous couvert de différents protocoles, test, touche, manipule…. Souvent sans demander la permission (tout au long de la grossesse et encore plus lors de l’accouchement !).
-          La transition de la position de fille à celle de mère n’est pas toujours des plus facile. La grossesse est un moment où beaucoup de sentiments, de ressenties, d’expériences reviennent. Notamment au niveau de la relation mère-fille mais pas seulement. 



Pour nourrir cet article j’ai été lire certains sujets sur divers forum. Finalement ça n’est pas facile de parler de cela sans l’avoir soit même vécu. C’est un article avec des interprétations de ce que j’ai ressentie en les lisant, ou de la retranscription de se qu’elles ont écrit durant leurs grossesses. Le point le plus important que j’en retire, c’est que cela leurs a fait du bien de ne pas se sentir seule. Heureusement à l’heure d’internet une maman qui recherche un peu peut facilement trouver d’autres futures mamans qui vivent la même chose qu’elle. J’ai lut des « comme ça fait du bien de vous lire et de voir que l’on vit la même chose » ou tout simplement «  je ne suis pas la seule !!! ».

Il est important de trouver la personne a qui en parler de ne pas minimiser ce mal être. Pour ne pas que cela s’intensifie, pour ne pas perdre pied. Cela peut être une amie, un membre de la famille, un médecin, une sage-femme, une doula. Si vous êtes dans cette situation en parler avec la personne qui vous suit pour votre grossesse elle pourra vous aider, vous écouter, vous aiguiller…
Mais surtout sachez que ne pas aimer être enceinte ne veut pas dire être une mauvaise mère. Le désir d’enfant n’est pas forcement lié au désir de grossesse !

Et vous ? vous avez vécu comment vos grossesse ?

mercredi 29 janvier 2014

Et si on faisait un peu d'anthropologie du portage?





Les mammifères ont été classés selon leurs modes d’adaptation à leur environnement au moment de la naissance[1]. Il y a trois catégories :
Les nidifuges : les petits arrivent a se déplacer comme les adultes dans les heures qui suivent la naissance (poulains, veau, antilopes…). Ils restent toujours près de leur mère.
Les nidicoles : Les petits naissent sans poils, avec les yeux et les conduits auditifs fermés. Le lait ou la nourriture apportée par les parents doit être riche et apporter un sentiment de satiété suffisant pour qu’ils puissent se passer ponctuellement de leur mère. Ils sont toujours plusieurs ce qui permet d’avoir de la chaleur (chat, souris…).
Les Portés : ce qui est le cas des primates, des marsupiaux et de l’Homme. Dans ce cas c’est le corps de la mère préférentiellement (mais cela peut être une autre personne aidante)  qui devient « le nid ». 



L’Homme (Homo sapiens), cousin des primates, a dans son évolution perdu sa fourrure et sa stature pour devenir un homme debout et sans poil. Lorsqu’on observe ses proches cousins ; les petits singes s’agrippent à l’aide de leurs mains et de leurs pieds à la fourrure de leur mère. Ceci pendant toute la première période de vie. Le petit participe activement en s’agrippant au corps de sa mère.
Mais avec l’évolution nous avons perdu la matière à quoi nous agripper (les poils) et le moyen de le faire (gros orteil opposable). Nous avons pour autant garder les réflexes archaïques dont le réflexe d’agrippement (grassping) : lorsqu’on stimule l’intérieur de la main ou du pied du nouveau né, on observe une flexion ferme des doigts et des orteils. Le bébé referme ses doigts sur la prise à tel point qu’on peut le soulever.


Il est vraisemblable que le porte bébé ait été une des premières inventions de nos ancêtres. Selon Blandine Bril, psychologue et anthropologue, la première représentation d’un enfant porté provient de peintures rupestres de l’époque magdalénienne, il y a environ dix mille ans.  D’après l’archéologue britannique Timothy TAYLOR, c’est il y entre 1,8 et 1 millions d’années que les femmes auraient « inventer » le porte bébé : un morceau de peau animale noué de façon à former une poche porté en bandoulière (que certains peuples utilisent toujours). Pour lui « l’invention apparemment triviale du papoose ou porte-bébé, il y a environ un million huit cent mille ans a été déterminante car elle a permis de prolonger et d’intensifier la période de développement cérébrale chez les nourrissons »[2]

En effet, l’évolution et surtout le fait d’être passé à la station debout ont modifié la filière pelvienne. Parallèlement, le cerveau et donc la boite crânienne ont grossi sans que le bassin des femmes ne s’élargisse. La nature a donc fait que nos petits naissent « immatures » pour pouvoir encore passer par ce chemin étroit. Nous naissons donc « prématuré ». 

En se basant sur l’évolution de la taille du cerveau entre la naissance et la taille adulte chez l’Homme et chez d’autres mammifères, on observe qu’à la naissance le cerveau du petit Homme fait 25% de sa taille à l’age adulte. Alors que pour la plupart des autres mammifère ce chiffre avoisine à peu près toujours les 80% (45% chez le chimpanzé). Pour en arriver à ce même pourcentage, il faut compter chez le petit Homme environ 21 mois après la conception (soit 12 mois après sa naissance !). Nos bébés naissent donc « prématuré » d’environ un an, un an où ils ont besoin d’aide pour survivre[3].

Il a donc d’autant plus besoin de rester près de sa mère. Le portage répond à ce besoin de proximité (chaleur, nourriture avec l’allaitement..) mais en plus répond aussi au besoin de sécurité crucial. A l'époque des premiers Hommes poser un nouveau né à terre, voir même un bébé c’est laisser une proie facile et sans défense aux différents prédateurs qui rodent. Le petit risque aussi tout simplement de mourir de froid.




Une dernière photo juste pour le plaisir parce que je la trouve géniale




[1] DETTWYLE Katherine  anthropologue (www.kathydettwyler.org), Franz Renggli « les bébés veulent être portés », Bâle 25 avril 2001

[2]  TAYLOR Timothy, La préhistoire du sexe , édition Bayard 1998


[3]Claude-Suzanne Didierjean-Jouveau,  Porter bébé, avantages et bienfaits - éditions Jouvence 2005